Conclusion

Cela fait une quinzaine d’années que j’ai mis en place les Ceintures de Comportement dans ma classe, puis dans mon école, je m’aperçois que l’ensemble tient globalement la route. L’organisation initiale a dans son ensemble, peu évolué bien qu’elle se soit enrichie des expériences avec mes collègues et les élèves. Cette organisation s’est diffusée à la totalité de l’école et s’est adaptée à l’âge des enfants. La Ceinture Marron a été ajoutée ; le rachat de points en dédommagement des fonctions les plus pesantes a été permis ; la Ceinture Noire mise en place ; les ceintures intermédiaires ont été créées.
La mise en place dans ma classe est chaque année facilitée, parce que d’une part les enfants connaissent les Ceintures de Comportement depuis le CP. D’autre part parce que j’enseigne en cours multiple, et que par conséquent, les plus grands étaient déjà avec moi l’année précédente : je m’appuie alors sur cette partie de la classe pour qu’ils deviennent un modèle pour les nouveaux arrivants. Enfin, parce que les enfants qui étaient présents il y a quelques années dans l’école, expliquent à leurs frères cadets le fonctionnement des Ceintures, ce qui permet d’apporter une légitimité à la mise en place de ce système.
Au fil des années, il y eut des enfants au comportement très difficile qui ont néanmoins pu trouver leur place dans les Ceintures. Même si par moment, certains ont eu besoin de sortir du dispositif, cela fut de courte durée et finalement ils sont, à chaque fois, revenus d’eux-mêmes très rapidement dans les Ceintures, car ils sentaient que tout cela restait juste et rassurant pour eux.
Les parents, malgré les explications que nous leur donnons en début d’année, ont souvent du mal à comprendre l’ensemble, mais ils voient que les Ceintures prennent du sens pour leur enfant et que le climat dans l’école est apaisé. Cela leur suffit…
La question que je me suis longtemps posée était de savoir si ce système, tel qu’il est pratiqué dans mon école, était exportable. Était-il dû à ma personnalité, à la configuration de mon école, aux élèves que nous avions… Je me suis plusieurs fois demandé si cela pouvait être mis en place dans des grosses écoles de quartiers périphériques.
Par l’intermédiaire d’une conseillère pédagogique que je connaissais, le directeur d’une grosse école parisienne, m’a un jour invité à venir présenter auprès de son équipe le dispositif des Ceintures. Cette école avait d’énormes difficultés avec certains enfants au comportement très difficile ; de plus il y avait peu d’enseignants expérimentés en raison d’un turn-over important : les enseignants, pour la plupart étaient débutants. Le climat était si tendu qu’il fut même question de fermer l’école et de répartir les élèves sur les écoles voisines.
Je suis intervenu un mercredi matin, alors que l’équipe enseignante était réunie pour trouver des solutions aux problèmes d’incivilités et de violence dont souffrait cette école. Je leur ai expliqué ce que nous mettions en place dans ma propre école puis j’ai répondu à leurs questionnements. Je ne leur garantissais pas d’éventuels résultats la première an-née, et notamment sur les plus grands, mais leur prévoyais des résultats sur les années suivantes, pour les enfants actuellement en CE2. J’expliquais aux enseignants des petites classes qu’ils devraient effectuer le travail le plus ingrat puisque c’était à eux de préparer les enfants, et que leurs collègues des grandes classes, en verraient les résultats… La mise en place des Ceintures de Comportement était un travail sur le long terme. Suite à mon intervention, l’équipe enseignante avait alors décidé de mettre en place, tel quel, le dispositif des Ceintures de Comportement.
Je n’avais pas réellement suivi ce qui était advenu par la suite. Ce n’est que deux ans plus tard que j’ai eu des nouvelles de cette école par l’intermédiaire de la conseillère pédagogique. Elle confirma que le climat de l’école s’était apaisé ; que les enfants y trouvaient maintenant la cohérence, qu’ils ne trouvaient pas auparavant. Les enseignants pouvaient enfin consacrer plus de temps aux tâches pédagogiques qu’aux problèmes de discipline…

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