Les droits

Afin de pouvoir accepter de passer les Ceintures fortes, il est indispensable que les enfants puissent recevoir des Droits nouveaux qui compensent les contraintes inhérentes, qu’ils consentent librement.

Les droits acquis par les Ceintures permettent de compenser les devoirs nouveaux.

Ces nouveaux droits permettent l’accès à des libertés nouvelles. Ils nécessitent donc une confiance de l’enseignant en ses élèves. Ces libertés ne sont jamais abandonnées aux enfants, mais doivent être gagnées par eux. Ces droits peuvent donc être retirés, s’il le devient nécessaire, indépendamment des Ceintures, individuellement ou collectivement, pour une période précisée ou non. Ils sont davantage un accord tacite passé, pour une durée déterminée, entre un enseignant et les élèves d’une classe, plutôt qu’un droit inaliénable.

Les droits obtenus correspondent à un accord tacite passé entre l’enseignant et ses élèves, pour une durée déterminée et non à un droit inaliénable.

Ainsi, lors du passage dans la classe suivante, ou lorsqu’un remplaçant arrive dans la classe, les Droits sont donc renégociés, en fonction de ce que le nouvel enseignant est prêt à accorder aux élèves. Il en revient ainsi toujours de la responsabilité de chaque enseignant, d’accorder ou non ces Droits aux élèves selon les lois 8 et 9.

Il est fondamental que pour chacune des Ceintures, l’enseignant ait réfléchi à de véritables Droits qui deviennent un moteur pour ses élèves. Sans cela,

Pour chaque nouvelle Ceinture, il est fondamental qu’il y ait un droit nouveau.

les enfants n’auraient alors aucun intérêt à accepter des contraintes nouvelles. Ces Droits accordés doivent toujours rester en cohérence d’abord avec l’ensemble des Ceintures, ensuite avec chacune indépendamment. Ces Droits doivent être rares[1] pour les Ceintures faibles et de plus en plus nombreux en augmentant de Ceinture.

Les Droits ci-dessous sont des exemples de ce qui peut être accordé à des élèves pour leur donner envie de passer ces ceintures :

  • Pour inciter les enfants à passer de la Ceinture Blanche vers la Ceinture Jaune, on peut accorder aux enfants le droit d’essayer de présider les bilans[2].
  • Pour inciter les enfants à passer de la Ceinture Jaune vers la Ceinture Orange (sanctions simples vers sanctions doublées), il est possible de donner aux enfants l’autorisation de se déplacer dans la classe dès que leur travail est terminé (ce droit peut être gelé en cas d’abus ou de gêne).
  • Pour inciter les enfants à passer de la Ceinture Orange vers la Ceinture Verte, on peut autoriser les enfants en plus de tous les Droits précédents, à présider le Conseil ; à pouvoir rester seuls en classe (à condition qu’une Ceinture Bleue soit présente).
  • Pour inciter les enfants à passer de la Ceinture Verte vers la Ceinture bleue (sanctions doublées vers sanctions triplées), on peut leur permettre de rester seul en classe (la collègue de la classe d’à côté gardant sa porte ouverte) ; de pouvoir se placer en position de médiateur dans les conflits de la classe ; d’avoir une parole prédominante sur celle des autres.
  • Pour inciter les enfants à passer de la Ceinture Bleue vers la Ceinture Marron, on peut permettre aux élèves de devenir Président du Grand Conseil et médiateur sur l’ensemble de l’école.

Il est possible de concevoir ces nouveaux Droits comme des brevets, indépendants les uns des autres, passés à partir d’une certaine Ceinture. Ces brevets peuvent être acquis de manière définitive lors d’une épreuve de passation (savoir présider le Conseil, savoir être médiateur, savoir allumer et éteindre les ordinateurs…), ou acquis automatiquement lors du passage d’une Ceinture (autorisation de se déplacer en classe, de rester seul en classe …). Dans ce dernier cas, le brevet peut être retiré pour une durée déterminée, suite à une infraction liée à ce brevet[3]. Le maître a d’ailleurs intérêt à ne jamais hésiter à geler les Droits demandant une confiance particulière, dès le moindre dérapage, provisoirement (la durée de gel pouvant varier d’une journée à trois semaines).

Décider de n’accorder un droit qu’à partir d’une certaine Ceinture ne signifie pas que des enfants de Ceintures inférieures ne seraient pas capables de réussir ce que permet ce droit. En effet, il y a des enfants Ceintures blanches qui seraient capables de présider le Conseil, bien mieux que certaines Ceintures vertes ou bleues. Leur imposer cette limite les incite à faire des efforts au niveau comportemental.

Mon rôle est de pousser ces enfants à essayer de faire ces efforts. C’est pour cela que pour chaque nouvelle contrainte, il est indispensable d’accorder un droit nouveau. Plus ce droit sera « moteur » et plus les enfants seront incités à accepter les contraintes qui lui seront liées.

Il arrive souvent que je réponde à un enfant Ceinture Jaune qui se propose d’effectuer une fonction de Ceinture Orange : « Tu pourras le faire quand tu seras Ceinture Orange ». L’enfant va ainsi être incité à passer la Ceinture en question pour accéder à cette fonction, ou peut-être pour vérifier si je dis vrai…

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[1] Mais il doit néanmoins y en avoir.
[2] Dans ma classe, à la fin de chaque activité collective particulière, par exemple une sortie mais surtout après chaque séance de sport, il est organisé un bilan. Un enfant est désigné pour présider ce bilan. Le président va devoir distribuer la parole et s’assurer que tout le monde puisse bien être entendu. Ce bilan permet, entre autres, de faire émerger des attitudes indésirables, qu’elles concernent le « vivre ensemble » ou bien qu’elles soient d’ordre stratégique. Il m’arrive régulièrement d’y prendre la parole pour faire évoluer une stratégie ou pour mettre la lumière sur une façon de jouer positive ou négative.
[3] Par exemple un enfant Ceinture orange qui se lève pour aller sur l’ordinateur alors que son travail n’est pas terminé peut en cas de récidive, voir geler son brevet de déplacement durant une journée, une semaine… L’enfant reste Ceinture orange, mais durant la période de gel, il perd le droit de se déplacer dans la classe.