Il existe deux types d’attention:
L’attention dirigée: (volontaire endogène) Cette attention est le chef d’orchestre de l’intelligence: c’est ce qui permet au cerveau de faire le tri entre ce qui a un intérêt et ce qui n’en a pas (élimination des bruits de fond et des parasites). Cette fonction s’apprend, dans le jeu, la lecture, le sport, les jeux de stratégie… tout au long de la vie. C’est celle qui est mobilisée dans les activités scolaires.
L’attention captée: (Automatique exogène) L’environnement capte l’attention. Quand il y a quelque chose de nouveau qui apparait dans le champ de vision d’un individu, son attention est captée par cette nouveauté. Dans la nature cela se retrouve dans des réflexes primaires: cette nouveauté c’est soi quelque chose que vous mangez (il faut alors réagir rapidement), soi c’est quelque chose qui veut vous manger (il faut réagir encore plus vite). •RUFF H.A. et al., Attention in Early Development, Oxford University Press, 1996. •LEONTIEV A.N., «The development of voluntary attention in the child », in LLOYD P. et al. (sous la direction de), Lev vygotsky: Critical Assessments, Routledge, 1999, p. 89 et passim. •BROWN R.G. et al. , « Internai versus external eues and the control of attention in Parkinson’ s disease », Brain, no Ill, 1988, p. 323 et passim. •LANDAU A.N. et al., «Different effects of voluntary and involuntary attention on EEG activity in the gamma band », }. Neurosci., no 27, 2007, p. 11986 et passim.
Cette fonction est utilisée de manière quasi permanente par la télévision (variations sonores, flash visuels, changements de plans, multiplication des angles de vues, sons aigus, enchevêtrement rapides de séquences narratives…)et notamment pour les programmes destinés aux enfants. La télévision sollicite de manière permanente une fonction mentale qui est censée fonctionner de manière épisodique. Cela fatigue de façon importante le cerveau et cela a des conséquences sur l’attention en classe. Les études mettent en évidence le rôle dévastateur de ce type de programmes sur l’organisation de la pensée. L’enfant a du mal à comprendre les relations internes entre les éléments de l’intrigue du récit et parvient difficilement à situer dans le temps et l’espace les faits qui surviennent, ainsi que leurs causes : il s’habitue à penser horizontalement (raisonnement par contiguïté et par analogie). L’enfant finit par construire un monde de pensée de l’immédiateté, dépendant de la perception et de l’émotion pure. •BERMEJO BERROS ]., Génération télévision, De Boeck, 2007, pp. 224-225, 312.
Il est primordial que les fondations de l’attention soient bien posées or, l’exposition audiovisuelle aboutit à hypertrophier le second de ces systèmes au détriment du premier. En étant soumis à une succession frénétique de séquences lapidaires, le cerveau en développement s’habituerait à modifier continuellement ses focalisations cognitives et engagements intellectuels ; d’autre part, en se trouvant confronté à une cascade ininterrompue de stimuli racoleurs, le cerveau de l’enfant apprendrait à se reposer sur les sollicitations externes pour relancer sa vigilance et maintenir son intérêt.
Une étude a montré qu’une heure de tv à 3 ans multiplie par 2 la probabilité de troubles attentionnels à 8 ans.
Une heure de tv à de 5 à 8 ans ajoute 50% à cette probabilité de troubles attentionnels à l’âge de 13 ans. •lAND HUIS C.E. et al., « Does childhood television viewing lead to attention problems in adolescence? Results from a prospective longitudinal study », Pediatries, no 120, 2007, p. 532 et passim.
Une heure de tv à 14 ans ajoute 44% à cette probabilité de troubles attentionnels à l’âge de16 ans. Avoir des troubles attentionnels à l’âge de 16 ans c’est multiplier par 4 le risque d’échec scolaire. •JOHNSON j.G. et al.,« Extensive television viewing and the development of attention and learning difficulties during adolescence», Arch. Pediatr. Adolesc. Med., no 161, 2007, p. 480 et passim.
Un enfant qui se trouve dans son parc mobilise son attention de manière très importante sur les objets qui l’entourent. Il mobilise d’abord son regard qui est un signe d’ancrage attentionnel. Au fur et à mesure, il va complexifier ce rapport avec les objets en y ajoutant des relations avec de nouveaux objets. La neuropsychologie peut déterminer le niveau de retard du développement d’un enfant en fonction des troubles attentionnels: jeux plus courts, changement d’objets précoces, attention mal focalisée sur l’objet avec lequel on joue…
Quand la télévision est allumée dans la pièce dans laquelle joue un enfant, l’attention de ce dernier est attirée par des images, des sons de l’écran. Cela de façon brève (1 seconde), sur une durée totale comprise entre 2 à 5% du temps total de présence. Durant ce temps, il oublie ce qu’il était en train de faire et à l’issue, il passe à un autre jeu. A lieu d’avoir un jeu qui devient de plus en plus complexe, il a une somme de jeux mis bout à bout. La complexification mentale qui devait se faire durant le jeu ne se fait plus.
On porte atteinte à l’apprentissage de l’attention par une simple télé allumée. Des enfants de 1 à 3 ans soumis à une présence audiovisuelle d’arrière-plan, changent de jouets plus fréquemment; présentent des schèmes ludiques moins riches, affichent des plages de jeux raccourcies, sont moins concentrés durant ces plages.