Les enfants ont besoin de confier à un tiers, généralement l’adulte, leur besoin de justice. Dans notre école, les conflits entre enfants sont réglés lors du Conseil mais, le but reste toutefois de leur apprendre à trouver une solution non violente pour les régler.
Il est demandé aux enfants de se référer à divers modes de médiation pour le règlement de leurs conflits avec l’autre.
Il existe plusieurs degrés de médiation :
– Niveau 1 : L’enfant exprime un « message clair[1] » à l’enfant avec qui il a un différend ;
– Niveau 2 : L’enfant demande au maître, à la maîtresse ou à un pair (Ceinture Verte, bleue ou marron), de l’aider à résoudre le différend ;
– Niveau 3 : Lors du bilan de la semaine, l’enfant expose son différend, dans le cadre du Conseil ;
– Niveau 4 : L’enfant inscrit son différend dans le cahier du Conseil comme « critique », et demande de la sorte à ce qu’il soit médiatisé vers l’ensemble du groupe classe. Les enfants concernés cherchent ensemble à régler devant toute la classe leur différend. Ils peuvent alors s’exprimer publiquement et rechercher une solution négociée. Chacun dispose encore à ce stade, de la maîtrise de la situation ;
– Niveau 5 : Les enfants ne sont pas parvenus à négocier une solution acceptable pour eux. L’enfant plaignant demande au Conseil de régler le problème pour eux. La situation échappe aux protagonistes et est renvoyée au Conseil. La classe s’appuie sur la Loi et le Règlement de la Classe pour régler le problème.
Niveau 1 : Le message clair
Le message clair c’est le moyen dont un enfant dispose pour essayer de régler un problème par lui-même.
Il va se placer devant l’enfant avec lequel il est en conflit et lui dit:
« Je voudrais te faire un message clair. Tout à l’heure quand tu as fait…. cela ne m’a pas plu. Je voudrais que tu arrêtes. Est-ce que tu es d’accord ? »
L’autre enfant peut accepter le message clair (il le dit en essayant de trouver une solution pour régler le problème) ou le refuser (il accepte alors implicitement que le problème soit réglé à un autre niveau).
Niveau 2 : La médiation d’un pair ou du maître
Un enfant qui a un problème avec un autre enfant peut venir s’adresser à un pair ou à l’enseignant. Il est préférable de s’adresser à un pair qui est reconnu comme Médiateur par l’école (Ceinture Marron) ou la classe (Ceinture Bleue), mais il est également possible de s’adresser à un autre enfant (Ceinture Verte ou inférieure[2]) si les enfants concernés parviennent à se mettre d’accord sur celui-ci. Les Médiateurs doivent écouter les différents protagonistes et les aider à rechercher par eux-mêmes une solution.
Le Président du Conseil, enfant élu lors du Conseil précédent, est chargé de consulter régulièrement le cahier du Conseil, afin de rechercher, pour chacun des conflits entre enfants, un médiateur accepté. Le but est de réduire le nombre de conflits à traiter durant les Conseils, pour n’avoir à ne se consacrer qu’à des discussions sur des propositions ou bien des conflits récurrents. Il arrive le plus souvent que ce soit le Président du Conseil lui-même qui exerce le rôle de Médiateur.
Quand des enfants viennent me demander une résolution immédiate pour un conflit les concernant, il m’arrive d’imposer aux deux protagonistes l’obligation à se mettre d’accord sur une version des faits commune (ils viennent me voir uniquement quand ils ont réussi à se mettre d’accord). Généralement, ils n’acceptent de se parler qu’à partir du moment où ils en sont prêts. Ça peut être immédiat, mais ça peut prendre parfois quelques minutes voire n’intervenir que le lendemain. L’intérêt est ici qu’ils se parlent, s’écoutent et se mettent d’accord. Quand ils se sont mis d’accord sur une version commune, ils ont effectué alors la plus grosse partie de la remédiation. Je choisis alors celui qui raconte et demande à l’autre s’il est d’accord sur cette version. Se mettre d’accord sur la façon de régler le problème n’est alors qu’accessoire pour eux (s’excuser, s’enlever des points, réparer…). Souvent je les vois partir jouer ensemble, réconciliés…
Niveau 3 : L’annonce à la classe
Lors du bilan de la semaine, durant le Conseil, les enfants ont la possibilité de dire ce qu’ils ont aimé ou n’ont pas aimé durant la semaine. Ce moment est souvent l’occasion pour eux de dire devant tout le monde : « je n’ai pas aimé quand untel m’a fait cela. »
Cette parole n’amène pas une réponse ou un débat. Il ne s’agit que du ressenti d’un enfant sur un moment particulier de la semaine. L’enfant invoqué « entend » ce qui est dit devant tout le monde. Il le prend en compte ou non, mais la classe est prise à témoin. Cela peut avoir d’ailleurs un intérêt, notamment en cas de récidive, si l’enfant exposant son problème désirait que celui-ci soit réglé en Conseil (la classe pouvant se souvenir que tel enfant avait déjà été la source de ce même problème à plusieurs reprises).
L’annonce à la classe est une alternative au message clair, qui ne s’adresse qu’à un seul enfant.
Cette troisième étape ne me parait plus nécessaire dans le fonctionnement adopté avec les élèves de CM mais elle peut rester adaptée avec des élèves plus jeunes.
Niveau 4 : Le règlement à l’amiable en Conseil
Quand un enfant semble ne pas parvenir à régler son différend autrement, il peut décider de porter celui-ci devant le Conseil. Il inscrit à cet effet la critique dans le cahier du Conseil. Lors du Conseil, le Président lit les critiques qui y sont inscrites.
Le plus souvent, la critique n’est plus d’actualité et l’enfant demande à ce qu’elle soit « passée ». Parfois, l’enfant ne se souvient même plus de sa critique ! Cela permet de lui montrer qu’un problème, qui semblait d’importance à un moment donné, peut devenir insignifiant quelques jours plus tard.
La première partie du règlement en Conseil est effectuée à l’amiable entre les différents protagonistes. L’enfant explique ce qui s’est passé, puis il est demandé à l’autre enfant d’expliquer lui aussi sa version des faits. Un droit de réponse est alors prévu. Le Président demande à l’enfant critiqué s’il désire proposer une solution pour résoudre le problème. Le premier enfant peut alors accepter la solution proposée ou demander à ce que le problème soit réglé avec toute la classe.
Les enfants apprennent rapidement qu’il peut être plus avantageux de proposer un règlement sincère à ce moment plutôt que de risquer de perdre la maîtrise de la situation, en laissant la classe décider pour eux (en s’appuyant sur le Règlement de la Classe).
Cette étape, de règlement des conflits, a été mise en place pour réduire le temps interminable passé à résoudre les problèmes. Beaucoup d’enfants intervenaient pour répéter ce qui venait d’être dit. Ce procédé permettait de ne laisser dans la discussion que les deux protagonistes et le Président (pour distribuer la parole). En CM, cette partie a également disparu puisqu’il est demandé à ce que les Présidents fassent le travail de médiation en amont[3].
Niveau 5 : Le règlement par la classe en Conseil
Quand, lors du Conseil, un enfant demande à ce que le problème soit réglé avec toute la classe, le problème lui échappe. L’enfant qui a refusé de proposer une solution à ce moment-là perd lui aussi la possibilité d’agir.
C’est alors à la classe qu’est confiée la tâche de trouver une solution.
Le Conseil écoute les différents protagonistes et témoins. Il devra s’appuyer sur les faits et vérifier s’il y a bien eu transgression de la Loi ou du Règlement de la Classe.
Une fois la transgression qualifiée, le Conseil détermine si l’enfant doit être sanctionné.
La sanction est définie en fonction du barème prévu et est applicable immédiatement. Dans le cas où un enfant n’a plus de point sur son permis, il est indispensable qu’aucun point ne soit transféré sur la semaine d’après[4], afin d’éviter qu’un enfant ne commence une semaine avec un solde altéré.
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